Saint-Urbain de Maconcourt est un petit village situé , en Champagne-Ardennes dans le département de la Haute-Marne, sur la route de deux ruisseaux qui se jette dans la Marne. Le village est connu pour son ancienne Abbaye de Saint-Urbain, aujourd'hui ruinée, qui fut l'un des lieux de passage de Jeanne d'Arc - Histoire & Parcours, lors de son trajet entre Jeanne d'Arc à Vaucouleurs, Porte de France et le Château de Chinon, pour y rencontrer le roi Charles VII.

L'Abbaye de Saint-Urbain était également connue pour ses reliques de Saint-Urbain depuis le IXe siècle. Aujourd'hui elles sont conservées, avec d'autres reliques, dans des châsses situées dans l'église paroissiale Saint-Étienne. Le village, en forme de X, se trouve aujourd'hui quasiment sur les bords du "Canal entre Champagne et Bourgogne" et de la Marne, appelé aussi Canal Enchanteur, qui fait la jonction entre la Marne et la Saône depuis 1907 ( début des travaux en 1880 ).

 

 

Voir aussi les étapes connues entre Vaucouleurs et Chinon : Vers le 20 février 1429 : Cathédrale Auxerre - Saint-Étienne  - vers le 18-20 février 1429 : Château de Gien - Visite - Ouverture château-musée - Vers le 22 février 1429 : Sainte-Catherine de Fierbois


 

Historique
sources : source sur place, sites officiels, source (1)  Jeanne d'Arc à Domremy - S.Luce , Culture.Gouv.fr,  Géographie historique industrielle et statistique du département de la haute-marne par Jean-Baptiste Carnandet. Cr Champagne Ardennes

 
 

Jeanne d'Arc à Saint-Urbain

C'est dans l'Abbaye Saint-Urbain , actuellement dans le village de Saint-Urbain de Maconcourt , nommé Saint-Urbain Lès Joinville à cette époque,  que Jeanne d'Arc, lors de son trajet entre Vaucouleurs et le Château de Chinon,  fit une halte. Elle y fut probablement pour y dormir la journée puisqu'elle voyageait ,avec ses compagnons, de nuit en territoire Anglo-Bourguignon. En effet Saint-Urbain fut prise par les Bourguignons en 1424. Au Moyen-Âge, l'Abbaye est connue pour ses reliques de Saint-Urbain, cependant lors du passage la pucelle de Domrémy, elles n'étaient pas présentes car déplacées à Chaumont pour éviter le pillage.

Jeanne d'Arc fait référence de son passage à Saint-Urbain lors de son procès le 22 février 1431 :

« De Vaucouleurs je m’en fus avec un habillement d’homme, portant une épée que m’avait donnée le capitaine, sans autres armes. J’avais pour mon escorte un chevalier, un écuyer et quatre serviteurs. Je gagnai Saint-Urbain où je pris gîte à l’abbaye. Sur ma route, je rencontrai Auxerre et y entendis la messe à la cathédrale. »

Saint-Urbain devait être probablement un passage obligé, car l'abbé Arnoult d'Aunoy était un proche parent de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs et bailli de Chaumont, du côté maternel. L'abbé Arnoult d'Aunoy était en froid avec la seigneurie de Joinville. Le Seigneur de Joinville, Antoine de Lorraine,  également seigneur de Vaudémont, était en conflit ouvert avec René, Duc de Bar, et Robert de Baudricourt (1). Il est donc probable que Colet de Vienne et Bertrand de Poulengy décidèrent d'éviter autant que possible Joinville, et ses alentours, rendant donc difficile aujourd'hui l'établissement d'un éventuel trajet possible de Jeanne et ses compagnons.

Il faut rappeler que nous connaissons avec certitude que quatre étapes du trajet entre Chinon et Vaucouleurs : Saint-Urbain, Auxerre, Gien et Sainte-Catherine de Fierbois.

Toutes les autres destinations de l'étape entre Vaucouleurs et Chinon, que vous pouvez trouver par-ci par-là,  ne sont que des suppositions pas toujours historiquement réalistes et surtout improuvable, d'autant qu'une grande partie des légendes locales sont souvent postérieures à l'action de Jeanne. En effet comment rendre crédible une légende locale qui affirme que Jeanne et ses compagnons auraient fait abreuver leurs chevaux dans tel ou tel village, par exemple dans le village de Poissons, sachant qu'elle se déplaçait souvent de nuit pour éviter le plus de contact possible, donc avec peu de témoins, en territoire bourguignon, et qu'à ce moment-là sa popularité était principalement locale ( Vaucouleurs et Domrémy ).

 

l'Abbaye de Saint-Urbain

L'abbaye de Saint-Urbain, abbaye bénédictine fondée au IXe siècle par l’évêque de Châlons-sur-Marne, fut souvent en lutte avec les seigneurs de Joinville, jusqu’à que le duc de Lorraine Charles IV confirme, au XVIIe, la vente d'Evrard de Vaucouleurs pour 100 livres tournois quelques siècles auparavant. Elle était probablement entourée d'une enceinte, vu qu'il y avait des fossés ( sec ? ) ou des douves puisque un ruisseau se trouvait sur le chemin de l'Abbaye.

L'Abbaye fut progressivement abandonnée jusqu'au XVIIe siècle avec en 1624 seulement 14 religieux prêtes et 6 novices, chiffre qui baissa encore les siècles suivants jusqu'à la Révolution française.


Elle est aujourd'hui fortement ruinée, il reste cependant quelques  bâtiments, deux façades et toiture du logis abbatial des "dames", la porterie d'entrée du 15e mais modifiée en 1736, l'ensemble est classé monuments historiques en 1947. L'Abbatiale est aujourd'hui détruite, à la place se trouve un jardin dans une propriété privée.

 

l'Église Saint-Étienne à  Saint-Urbain

Principal vestige du village, elle est datée du XIIIe siècle, elle était le siège d'une cure à la collatin de l'Abbaye de Saint-Urbain dont dépendait également la seigneurie de Saint-Urbain. Le porche est daté du XVe siècle ou début XVIe tout comme le bras Sud du transept.

1677, après la visite de Nicolas de Vaux le Jeune, maître Maçon de Joinville, l'église qui possédait une tour clocher  fut rasée car ruinée, elle fut remplacée par un clocher en bois que nous voyons aujourd'hui. C'est l'abbaye qui prit en charge les travaux réalisés par Jacques Bogard et Antoine Lescuyer de Bar-sur-Aube, Nicolas François et Nicolas Vincent de Joinville. Les travaux se terminèrent en 1686.

1691,  Les voûtes du vaisseau central de la nef et des collatéreaux sont refaites.

1730, la voûte de la croisée s'enfonçait et en 1735 un devis fut réalisé pour entreprendre des travaux.


 

Les Châsses et reliques de Saint-Urbain

Au chevet de la cathédrale dans une petite pièce appelée trésor, étaient conservées au XVIIIe siècle les reliques de Saint-Urbain.  Rapportées de Rome à Auxerre en  862, elles furent données trois ans plus tard au monastère par l'évêque Herchenraud, son bienfaiteur. La foule de pèlerins ne tarda pas à affluer auprès du sanctuaire. Lors de la construction de la seconde église en 1141, les reliques avaient été déposées à quelques distances du village, où fut construite à cette occasion une chapelle et qui devint plus tard le prieuré de la chapelle au pont. Les reliques étaient conservées dans des bustes reliquaires. La chasse de Saint-Urbain n'existait pas encore.

 La première mention de la chasse apparaît en 1424, date à laquelle elle fut transférée dans la ville de Chaumont, après la prise de l'abbaye par les Anglo-Bourguignons. 1379, l'abbaye possédait également les reliques de Sainte Menehoulde, la châsse fut détruite en  1587 par le duc de Bouillon. La châsse de Saint-Urbain connut le même sort en 1595 par sieur de Jaulge.
En 1602, Don Urbain Bernage religieux et prévôt de l'abbaye laissa par testament 33 écus pour la réfection de la seconde châsse et la construction de deux nouvelles châsses de bois, l'une pour les reliques de Sainte Menehoulde, l'autre pour celles de Saint Sacerdos, elles existent encore aujourd'hui et furent restaurées en 1701 et pendant le XIXe et XXe siècle.

Pendant la Révolution française, les châsses de Saint-Urbain passèrent l'époque sans dommage. Cependant les mobiliers de l'abbaye sont revendus en 1791. le directoire du district de Joinville autorisa les officiers municipaux de Saint-Urbain à déposer les châsses sans retard dans l'église paroissiale de Saint-Urbain, cinq châsses et quatre reliquaires furent donc déposés avec l'aide de la garde nationale supervisé par le curé de la paroisse.



Mais en 1793 la châsse de Saint-Urbain, alors en forme d'église couverte d'argent et cuivre, enrichie de douze apôtres en argent doré fut dépossédée de son ornement le plus précieux. Puis elle fut mise en vente et rachetée par deux habitants : Claude Richard et Joseph Vouriot, tandis que d'autres habitants achetèrent, via les soeurs et religieuses qui payèrent, les autres reliquaires : Antoine Libault, Tezker, Nicolas Evrard, Claude Larcher et Just Bernard. Ils sauvèrent donc les reliques et décidèrent de les donner à l'église paroissiale, c'est celles que nous voyons encore aujourd'hui. ( source texte sur place de 1952, légèrement modifié )


 

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